Coordination Nationale des Précaires de l'Education
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Appel à la mobilisation pour la rentrée

jeudi 25 mai 2006, par marief

La rentrée 2005 a été terrible pour des milliers de non titulaires, la rentrée 2006 sera pire...

Le Collectif des Précaires de Franche-Comté s’est constitué à l’automne 2004. Il est composé essentiellement de personnels non titulaires de l’Éducation nationale soutenus par des agents titulaires et une large intersyndicale.

Précaires de l’enseignement du premier degré, du secondaire, du supérieur et du Centre de Linguistique Appliqué de l’Académie de Besançon, nous subissons violemment la politique de « casse » du service public et les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement actuel.

Notre réunion hebdomadaire se veut un espace de rencontre, d’information, de réflexion et d’action concentrées, avant tout, sur la lutte contre la précarité dans l’Éducation. Toutefois, nous avons souhaité élargir le débat à d’autres corporations de la fonction publique et du privé parce que, d’une part, nous considérons que le combat contre la précarité est le combat de tous et que, d’autre part, nous sommes persuadés que l’échange d’expériences avec d’autres salariés nous permettra de faire évoluer nos idées et nos revendications dans notre propre secteur.

Nous entendons : Alerter et mobiliser l’opinion publique sur la situation des précaires de l’Éducation nationale qui sont sacrifiés, dans une indifférence presque totale, à l’autel de la rentabilité et de la flexibilité. Dénoncer le non-respect du droit du travail, l’obscurité du mode de gestion des non titulaires par les rectorats et la « casse » du service public d’éducation.

L’Éducation nationale, après une large campagne d’incitation et de recrutement dans les ANPE (« Goutez l’enseignement, devenez vacataires » invitaient de nombreux sites internet académiques...), a licencié plus de 20 000 non titulaires en 2 ans (de 2003 à 2005). À ce chiffre qui, soulignons-le, dénonce l’État comme l’instigateur d’un des plus gros plans sociaux de ces dernières années, il faut ajouter le nombre des agents « remerciés » sans aucune indemnité.

Dans l’académie de Besançon, à la rentrée 2005, plus de 300 enseignants, après 3, 4, 5, voire plus de 10 ans de services ont été « remerciés » par le rectorat. D’autres sont forcés d’accepter des remplacements de 3 ou 6 heures par semaine (c’est ainsi que l’on peut rencontrer 3 collègues différents sur un seul poste complet...), à des kilomètres de leur domicile, sans défraiements et pour une rémunération indécente, mise en paiement le plus souvent après de longs mois d’attente. Le versement des allocations des contractuels au chômage prend, lui aussi, des délais inacceptables.

Les vacataires, statut le plus fragile de la fonction publique et du monde du travail en général, rémunérés à l’heure et dont le service est (théoriquement...) plafonné à 200H00 annuelles, sont de plus en plus nombreux puisque la politique actuelle des rectorats, dictée par les impératifs budgétaires de la LOLF (nouvelle Loi Organique sur la Loi des Finances) est de cultiver le précariat et de ne plus contractualiser. Ils constituent un « vivier » extensible et inépuisable d’agents interchangeables, qui, tout en effectuant le même travail que leurs collègues, ne bénéficient pas des mêmes indemnisations. Ce sont des personnels invisibles, sans droits (pas de couverture sociale, pas de garantie d’emploi, pas de congés payés et une période d’essai qui dure ad vitam aeternam...), donc corvéables à merci. Ils sont difficiles à recenser et à mobiliser parce que les académies les maintiennent dans une situation intolérable d’isolement, de concurrence et de survie. Au terme de leur 200H00 de vacation, ils sont « liquidés » sans autre forme de procès.

Parce que la reconversion n’est pas facile, même avec BAC+3, +4, +5 ..., les vacataires et les contractuels en fin de droits sont contraints, s’ils veulent survivre, de demander le RMI ou d’autres minima sociaux. Ils disparaissent des listings académiques, ne sont plus comptabilisés comme non titulaires et les rectorats et le ministère peuvent alors prétendre que le nombre de précaires de l’Éducation diminue et éluder la question de la titularisation de ces personnels.

C’est pourquoi, réduits à l’état de fantômes de l’Éducation, nous adoptons lors de nos actions et de nos manifestations, (comme les membres des autres collectifs de précaires, stagiaires, intermittents...) des masques blancs, symboles de notre anonymat et de notre invisibilité imposés.

Aucune mesure n’est envisagée pour résorber la précarité dans l’Éducation en remplacement du dispositif de titularisation Sapin qui a pris fin en juin 2005. Ce plan, par ailleurs, n’a pas satisfait entièrement son objectif de résorption des non titulaires puisque les conditions d’accès aux différents concours, très restrictives, ont singulièrement limité le nombre des ayants droit et que la notation, plus « pointilleuse » que pour les autres concours, a restreint le nombre de lauréats.

La diminution constante des postes aux concours, -30% pour la session 2006, la disparition de certaines disciplines et les privilèges accordés depuis 2001 à l’enseignement privé ( 1795 postes ouverts au CAPES interne dans le privé contre 1250 dans le public en 2005, pour la même épreuve : moins de candidats et une note d’admissibilité plus basse pour les concours du privé, 1 candidat sur 2 admis dans le privé contre 1 candidat sur 8 dans le public ...) traduisent la volonté de désengagement financier de l’État pour le service public d’éducation.

Alors que les besoins en personnels persistent, que des heures supplémentaires sont imposées aux titulaires, que des classes sont surchargées, que des options sont regroupées par établissements, que les zones de remplacement des titulaires remplaçants s’élargissent ..., les moyens diminuent. La continuité et la qualité du service public d’éducation, l’égalité d’accès à l’enseignement sont menacées par cette politique.

Dans notre académie, des non titulaires expérimentés, des enseignants spécialisés, des lauréats de concours dont la titularisation est abusivement ajournée ou refusée, vivent le même drame à chaque rentrée. Alors qu’ils ont assumé leur fonction avec conscience et professionnalisme, alors que leurs compétences pédagogiques sont reconnues, ils sont balayés sans ménagement.

Parce que la prochaine rentrée promet malheureusement d’être tragique pour nombre de personnels non titulaires de l’Éducation (enseignants, personnels techniques, ATOS, emplois vie scolaires...), parce que la récente mobilisation contre le CPE, la constitution de nombreux collectifs comme le nôtre et la création d’une coordination nationale des précaires de l’Éducation prouvent que nous sommes nombreux à dénoncer et à refuser la précarité, nous faisons appel au soutien, à la solidarité et à l’action de tous pour lutter contre la précarisation et organiser la défense de nos droits et de notre dignité.

Nous revendiquons :

•L’arrêt du recours à la vacation

•La garantie de réemploi de tous les non titulaires dans des conditions décentes

•L’égalité de rémunération et de droits pour le même service

•La reconnaissance de l’expérience et de la spécialisation

•La titularisation sans concours

http://precaires.fc.free.fr


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